Cette année, la petite mare du Collège Olivier de Serres, nichée sur le plateau de Viry-Châtillon, a enfin pris forme et se dévoile dans son écrin naturel. Fruit d’un projet pédagogique ambitieux, ce plan d’eau n’est pas qu’un simple bassin : il incarne la convergence de plusieurs disciplines et le résultat de l’implication active des élèves encadrés par leurs deux professeurs référents, Jérémy et Francis. Après plusieurs mois de travaux — depuis le terrassement jusqu’à l’aménagement des berges —, c’est un véritable écosystème qui s’offre désormais aux collégiens, aux oiseaux et aux amphibiens, tout en servant de laboratoire grandeur nature pour les enseignements techniques et environnementaux.
L’objectif principal de cette initiative a toujours été double : offrir un support concret aux apprentissages technologiques et sensibiliser au fonctionnement des milieux aquatiques. D’un côté, il s’agissait de développer des compétences pratiques en creusement, montage de structures, et réglage d’équipements automatisés. De l’autre, les élèves ont exploré la gestion de la biodiversité, le suivi de la qualité de l’eau et l’équilibre biologique. En réunissant ces deux volets, le projet vise à renforcer chez chacun une compréhension globale, alliant science, technologie et respect de la nature.
Les chefs de projet, Jérémy et Francis, ont chacun apporté leur expertise spécifique et étendu leur collaboration à des partenaires externes. Jérémy, professeur de technologie, a travaillé main dans la main avec le Radio-Club de Viry-Châtillon (F5KEE) pour la conception et la réalisation des systèmes automatisés : choix des capteurs, étude des protocoles de transmission radio, câblage, et programmation. Francis, de son côté, spécialiste des milieux de vie, a orchestré l’étude des espèces locales, le choix des végétaux aquatiques et des aménagements nécessaires à l’accueil des insectes et petits animaux. Ensemble, ils ont co-construit avec la classe un parcours pédagogique stimulant, alliant savoir-faire manuel et réflexions écologiques.
L’an dernier, dans la continuité de ces enseignements, nous avions collaboré à la mise en place d’une station météorologique, un projet qui avait déjà permis aux élèves de manipuler capteurs de température, d’hygrométrie et de pluviométrie, ainsi que de développer des outils de collecte et d’analyse de données en temps réel. Cette première expérience a servi de tremplin pour le projet actuel. Forts de ces acquis et des retours d’expérience du Radio-Club F5KEE sur la gestion des données radio, les collégiens ont pu appréhender plus sereinement les enjeux d’une installation automatisée, non seulement pour surveiller, mais aussi pour agir sur leur environnement.
Pour la session 2025, la réalisation phare a été celle du contrôleur de niveau d’eau. L’idée maîtresse : maintenir automatiquement la hauteur d’eau de la mare, malgré les variations liées aux saisons, à l’évaporation ou aux besoins de la faune. Les élèves ont d’abord défini le cahier des charges : détecter la descente du niveau au-delà d’un seuil critique, déclencher l’admission d’eau douce, puis couper l’alimentation une fois le niveau rétabli. Cette boucle automatisée devait être autonome, fiable et alimentée par une énergie propre.
Le système repose sur une toiture généreuse qui capte les eaux de pluie. Celles-ci sont récupérées dans deux cuves d’une capacité unitaire de 1 000 litres, soit un total de 2 000 litres de stockage. Les collégiens, accompagnés de leur professeure de SVT pour le choix des matériaux filtrants, ont démonté et adapté des gouttières pour optimiser le flux, conçu des filtres sommaires pour retenir feuilles et débris, puis installé un circuit de tuyauterie menant aux réservoirs. Chaque étape a été l’occasion d’aborder la gestion de l’eau pluviale, la prévention des inondations et l’importance d’économiser cette ressource souvent sous-estimée.
Pour assurer le caractère autonome de l’installation, un jeu de petits panneaux solaires a été installé sur la toiture adjacente. Ces modules photovoltaïques, d’une puissance modeste mais suffisante, servent à recharger une batterie de 12 V. Cette batterie alimente le régulateur de niveau d’eau, cœur électronique du dispositif. Avec l’appui technique du Radio-Club F5KEE, les élèves ont appris à dimensionner les panneaux, à calculer la consommation des capteurs et de la vanne motorisée, puis à programmer la logique de charge-décharge de la batterie pour garantir un fonctionnement continu, même en période de faible ensoleillement.
Le régulateur, conçu et programmé de A à Z par l’équipe pédagogique et Radio-Club F5KEE, est doté de capteurs à ultrasons qui mesurent en permanence la hauteur d’eau. Dès que le niveau baisse de quelques centimètres sous le seuil nominal, le système analyse la mesure et déclenche l’ouverture d’une vanne motorisée. L’eau accumulée dans les cuves s’écoule alors dans la mare, jusqu’au retour à la cote prévue. Une fois cette dernière atteinte, la vanne se referme, interrompant l’alimentation. Le tout se fait sans intervention humaine, hormis une vérification périodique de l’état des batteries et du bon écoulement des tuyaux.
Au-delà de l’aspect purement technique, ce projet a généré un véritable engouement parmi les élèves. Ils ont développé des compétences transversales : travail en équipe, gestion de projet, résolution de problèmes pratiques et réflexion sur la durabilité. Les séances en salle informatique ont alterné avec les chantiers extérieurs, offrant une pédagogie active et concrète. Les collégiens sont ainsi devenus acteurs de leur apprentissage, fiers d’observer chaque matin les relevés de leur régulateur et la vie qui s’épanouit dans leur mare.
Sur le plan environnemental, la réalisation de cette mare automatisée constitue une démarche écoresponsable exemplaire. Elle valorise la récupération des eaux pluviales, limite la consommation d’eau potable et s’appuie sur une énergie solaire renouvelable. Elle offre également un refuge pour la biodiversité locale : grenouilles, libellules, plantes aquatiques et insectes y trouvent un habitat propice. Les élèves, quant à eux, observent et notent l’évolution de ces populations, prolongeant ainsi l’apprentissage technologique par des pratiques naturalistes.
Pour la suite, plusieurs pistes sont envisagées : intégrer une sonde de qualité de l’eau (pH, conductivité), coupler le régulateur à un affichage en ligne accessible depuis l’établissement, ou encore concevoir un petit robot de relevé des paramètres en autonomie. Quoi qu’il en soit, la mare du Collège Olivier de Serres est désormais au cœur d’un projet évolutif, qui continuera de fédérer élèves, professeurs et le radio-club F5KEE autour de la pédagogie par projet, du développement durable et de l’innovation technologique. Félicitations à tous les participants pour cette belle réussite collective !